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Portrait Tambour - Maïa

Maïa est une jeune “cheminante”, dont je connais peu de choses mais que j’ai pourtant l’impression de bien connaître pour lui avoir fait un tambour. Tout comme Eglantine, Maïa est ce que je pourrais appeler une femme-univers. Il suffit d’un court échange pour être transporté.e dans l’univers du chamanisme des peuples premiers dont elle porte l’empreinte avec respect et humilité.

Par ses réponses Maïa nous partage son respect profond du tambour qu’elle décrit comme une “maison d’esprit” et un moyen de ressentir les liens qui nous unissent à la toile du vivant.

Laissez vous porter par cette voix, jeune et profonde, qui nous murmure une sagesse encore peu connue dans nos contrées.




  • Décris-nous ta première rencontre avec le tambour

Je ne m'en souviens pas vraiment. Il me semble que c'était quand je suis allé pour la première fois à un week-end d'enseignement chamanique. Il s'agissait de voyager grâce à lui. J'avais déjà fait des voyages, et quand je parle de voyage, ce sont des voyages entre les mondes (je ne savais pas vraiment ce que c'était) mais jamais des voyages au tambour. J'ai eu l'impression que toutes les infos venaient plus rapidement, toutes les visions étaient plus claires, plus vives. Si j'ai eu un tambour c'était pour pouvoir me rapprocher de ces pratiques que j'apprenais. Pour pouvoir voyager entre les mondes plus facilement. Pour pouvoir œuvrer. Ou simplement vibrer et ressentir plus profondément les liens magnifiques que forment la toile du vivant.


  • Comment as-tu rencontré ton propre tambour ?

J'ai eu un premier tambour, d'abord. En peau de chèvre je crois, très simple. J'ai fait mes premiers voyages avec lui, et il a toujours sa place aujourd'hui. Parfois j'en joue. Il a ses propres spécificités. Un jour en voyage, j'ai eu l'image d'un tambour orné d'eeren jaune (Maïa précise que les eeren sont sont souvent des tresses de plusieurs couleurs, mais parfois des petits objets, des serpents tressés, des griffes, etc, qui sont sur le tambour ou le costume du chaman et abritent des esprits alliés. Ce sont des maisons d’esprits si j’ai tout bien compris, dit-elle). Enfin c'était plutôt des rubans, qui volaient dans le vent, dans le soleil. C'était très fort, très joyeux et lumineux ! Je l'ai dessiné et quelque temps sont passés. Je me questionnais sur la nécessité d’avoir un deuxième tambour. En fait, c’était des questions très cérébrales, et j'ai finalement laissé les choses être ! Je crois que, dans la foulée, j'avais découvert La Femme au Tambour... et c'était plutôt parfait. Le cerf était de plus en plus présent dans mes voyages, et il me soufflait de demander une de ces peaux. Ce que j'ai fait ! Quand je l'ai reçu physiquement, la rencontre avait déjà eu lieu, en quelque sorte, et pourtant, nous avons mis du temps avant de nous ré-harmoniser. Bien que j'avais eu cette vision de lui, je devais abandonner tout ce que je pensais de lui, pour ouvrir la rencontre et rentrer en lien. J'ai mis une année avant de lui donner sa forme (de le parer de ses rubans et de ses clochettes). La création des eerens a été un processus magnifique, rempli de chants, d'images et, finalement, de joie. Je n'ai fait qu'écouter ce qu'il me soufflait, ou, du moins, j'ai souhaité être la plus fidèle à ses demandes.



Le dessin de Maïa


  • T’es-tu posé la question de ta légitimité à utiliser cet instrument ?

Non, et expliquer pourquoi me semble bien étrange. Je ne me sens pas illégitime de respirer, ou de profiter du soleil. Alors je ne me sens pas illégitime de rendre hommage à la vie par ça.

Je crois que la spontanéité et la joie sont des choses importantes avec les tambours ! (Puis de toute manière, si les esprits et l'univers n'étaient pas d'accord à ce que je voyage au tambour, je pense que je ne pourrais pas le faire).

Ta pratique

  • A quoi ressemble ta pratique personnelle du tambour ?

J'en joue souvent seule; lorsque je souhaite parler à un de mes esprits alliés, ou quand je reçois une demande spécifique. Alors, je salue mon tambour, je l'appelle par son nom (il a un nom comme nous, et un nom plus secret, un nom de pouvoir et d'activation). Et je commence à jouer. Et des fois c'est juste merveilleux puis des fois c'est pas trop ca ! Ayant une pratique proche des peuples premiers, et étant profondément animiste, pour moi, le tambour est une maison d'esprit. Et jouer du tambour c'est activer et appeler cet esprit, et d'autres, aux voyages. Enfin, c’est plus leur demander de m’emmener avec eux. C’est aussi pour demander un passage à l'action pour apaiser (et résoudre) certaines problématiques, pour avoir des informations sur certaines choses. L'esprit du tambour est celui qui fait le lien avec tous les autres. Quand j'en joue, je peux accéder à tout ça. Mon corps joue, je fais corps avec le tambour, et nos esprits sont ailleurs. Je comprends son chant, il répond au mien. Puis nous ne sommes plus vraiment là. Pour moi la relation se tisse au fur et à mesure. A force de pratiquer, de rendre hommage, de remercier. Je nourris l'esprit de mon tambour, à la manière des peuples Mongols et Sibériens (offrande de lait et fumigation, après concertation avec lui de ce qui lui ferait plaisir). A ce moment, je ressens plus fortement le lien avec lui. C'est une relation qui évolue, change, se renforce, et parfois s'éloigne. Dans ces cas-là, il me faut comprendre pourquoi.


Plus généralement

  • Faut-il être chamane pour jouer du tambour ?

Le son a des vertus incroyables, et l'objet tambour peut certainement avoir mille fonctions, et sa magie se déploie sans avoir besoin d'être nommée. Un tambour n'est pas forcément chamanique, en tout cas dans notre civilisation.


  • Tambour et appropriation culturelle - qu’en penses-tu ?

Ce n'est pas vraiment le tambour alors ? C'est plutôt la pratique du chamanisme non ? Le tambour a un effet attractif, c'est peut-être un symbole pour nous, occidentaux, de ce que sont les rituels chamaniques. Ou simplement, la force d'un tambour se sent même lorsque l'on n'est pas animiste.

Pour les peuples premiers, le tambour n'est pas un symbole, et j'ai compris grâce aux enseignements que tant que je le garderais comme un symbole je n'aurais pas une vraie relation avec lui.

Et j'ai senti avec force cette vérité en moi. C'est vivant. C'est du lien. Le symbole n'a aucune force sauvage. L'esprit qui vit oui.

C'est ça le chamanisme non ? Est-ce que on s'approprie le chamanisme, nous, occidentaux ? Je crois que chaque être sur cette planète peut ressentir la vie comme les peuples premiers la ressentent. Que chacun est libre de vivre ça. Mais alors tentons de respecter l'intégralité de la parole de ses peuples enseignants.

Alors j'en reviens à ce que je disais plus haut. Un tambour est un objet, il peut devenir maison d'esprit, on peut créer du lien avec cet esprit, il devient alors tambour chamanique...

Il pourrait aussi être un instrument qui va servir à une personne pour aller mieux, pour s'affirmer, il ne sera pas chamanique, mais aidant. Chacun vit sa vie avec sa propre poésie. Et marche vers la beauté, et vers la joie, que ça soit dans une vision animiste ou pas. C'est peut-être un des plus grands cadeaux que l'on peut se faire. A soi-même et à l'humanité.



  • Des références à proposer ? (livres, films, formations, praticiens, etc)

Oh oui ! Je vous conseille plus plus plus que vivement : Chamanisme, Animisme. (Comment retourner aux sources du chamanisme) de Jean-Yves Bourré. Ce livre est une merveille. Très simple à lire, et pourtant renversant. Il vient de paraître.

Je suis ses enseignements aussi. Vous pouvez le retrouver simplement sur facebook.

J'ai très envie de vous conseiller aussi la lecture de contes, comme les recueils - Contes des Sages du Soleil ou - Contes des Sages Taoïstes.

Et puis pour le lien aux vivants, aux animaux, pour changer notre regard sur notre relation à la nature, les incroyables livres de Baptiste Morizot.

Rencontrez Maïa :

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