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Photo du rédacteurCaroline Bodolec

Naître avec l'Ayahuasca

En 2018 je suis allée au Pérou vivre l'expérience de l'Ayahuasca. J'ai écrit ce texte quelques semaines après mon retour, j'y livre les détails de cet expérience hors du commun. Avec le recul, je pense que ce voyage a été une des expériences qui m'ont encouragé à tout plaquer pour me lancer dans la fabrication des tambours.



Artiste : https://www.facebook.com/isabel.lozanoreategui.1


PARTIE 1: L’AVANT


L’ayahuasca est une plante psychotrope, ou hallucinogène. Selon Wikipedia, cela signifie qu’il s’agit d’une plante provoquant des changements dans les domaines de la pensée, de la perception et/ou de l’humeur. Scientifiquement, cela est notamment dû à l’effet inhibant de la plante sur l’hémisphère gauche du cerveau, où siège la rationalité, et activateur de l’hémisphère droit, siège de l’intuition. Ce genre de plante est utilisée par les guérisseurs, aussi appelés chamans, de nombreuses cultures pour leurs propriétés curatives, sans doute liées à cette action sur le cerveau. Il y a aujourd’hui en Europe et aux Etats-Unis un intérêt grandissant pour ces expériences hors du commun, et je crois que c’est ainsi que j’ai entendu parler de l’Ayahuasca.


Prendre la décision


Bien que ces expériences m’intriguaient, je ne me sentais pas prête, ou attirée au point de faire la démarche de trouver un cadre me permettant de prendre la plante. Si j’avais bien compris une chose, c’était que l’Ayahuasca ne se prenait pas n’importe où ni avec n’importe qui. Les effets de cette plante peuvent, en effet, être physiques et violents (vomissement, diarrhée, cris et pleurs, et autres réactions incontrôlées et incontrôlables). La présence d’un chaman est indispensable pour pouvoir gérer ces effets. Avoir une confiance totale en cette personne est aussi indispensable, pour se savoir en sécurité et être en mesure de s’abandonner totalement aux effets de la plante, comme j’allais en faire l’expérience.

A noël dernier, l’univers a décidé qu’il était temps pour moi de franchir le pas. Coup de fil imprévu d’un ami avec qui nous n’avons pas pour habitude de passer des heures au téléphone. Il me raconte son fabuleux voyage en Equateur. Il y a vécu plusieurs cérémonies d’Ayahuasca et me décrit les détails de son aventure. J’écoute, les yeux grands ouverts, sans prononcé un mot. Il conclut en me disant : “j’ai beaucoup pensé à toi, ça te plairait trop ! “. Il ajoute qu’un voyage similaire est organisé au Pérou en avril, avec une thématique spécifique sur le féminin sacré. L’évidence de ce voyage est immédiate. J’ai appris depuis quelques temps à reconnaître ces moments où l’univers vous tend une perche qu’il serait malvenu de refuser. Alors je la saisie. Je pars donc au Pérou, au sein d’un groupe de douze francophones, accompagné de deux organisateurs français, et de deux chamans péruviens, une femme et son mari.

Dans les quelques mois qui précèdent le départ, je ne cherche pas vraiment à me renseigner sur l’aventure qui m’attend. Des amis, notamment francophones, me mettent en garde et m’encouragent à essayer d’en apprendre plus. Tapez Ayahuasca sur le Google français et vous comprendrez pourquoi. Pour ma part, j’avais eu l’organisateur français au téléphone au moment de l’inscription, et j’avais totalement confiance en lui. Il a des années de pratique derrière lui et une connaissance approfondie des peuples d’Amazonie.


Le départ

Un mélange d’excitation et d’appréhension se disputent mon coeur et ma tête alors que je monte dans l’avion. Un groupe hétéroclite, étonnant, dont je fais parti des plus jeunes, m’attend à l’aéroport de Lima. Nos chamans sont également présents pour nous accueillir. Leurs visages ouverts et leurs regards curieux me remplissent immédiatement de confiance et de joie.

Au cours de la première semaine, nous visitons différents lieux, près de la mer d’abord, puis le long des Andes et enfin, en Amazonie. Cette semaine est une préparation nécessaire aux cérémonies. Chaque lieu me permet d’abandonner un peu plus ce dont je n’ai pas besoin, et de commencer à ouvrir mon coeur. Je me baigne dans la mer en criant aux vagues, je marche pieds nus sur la Terre, j’observe les bienfaits de l’entraide, j’expérimente ma place dans le groupe.

Après cette semaine itinérante, nous arrivons au lodge qui nous accueille pour 6 nuits, dont 4 animées de la prise de l’Ayahuasca. Au cours du premier diner dans ce lieu, le dernier repas avant les 4 jours de semi-diète, je me demande ce que je fais là. Je suis prête et pourtant je n’ai aucune idée de ce à quoi m’attendre. Malgré tout, je savoure mon plat comme le dernier repas du condamné, les organisateurs nous ayant annoncé que beaucoup de participants vivent de petites morts (je reviendrai sur ce concept) au cours de ces cérémonies. Si je dois mourir, qui deviendrais-je au moment de ma renaissance ?


PARTIE 2: GUERISON


Nous voici donc, douze aventuriers de l’âme, dans un lodge au milieu de l’Amazonie, nous apprêtant à vivre quatre cérémonies d’Ayahuasca en compagnie de deux chamans péruviens. Rien n’aurait pu nous préparer à ce qui nous attendait.


Les cérémonies


Les quatre jours de cérémonie se déroulent de manière similaire : petit déjeuner, puis réunion pour partager nos expériences. Après ces échanges, nous déjeunons d’une soupe et de fruits. Les jours passant, je mange de moins en moins, sans pour autant ressentir la faim. Ce déjeuner simple est pourtant le dernier de la journée. Nous nous retrouvons ensuite vers 16h pour un bain de fleurs. M., notre chamane, prépare un mélange d’eau, de plantes, de fleurs, et d’eau fleurie (je crois) dans un grand tonneau en plastique. Elle nous verse, chacun notre tour, plusieurs bols de cette eau sur le corps. L’odeur est enivrante. Elle a un sourire maternelle en effectuant ces gestes simples. Nous nous séchons ensuite au soleil, avant d’aller nous reposer jusqu’à la cérémonie elle-même.

A la tombée de la nuit, nous nous retrouvons dans la pièce devant nos chambre pour prendre place. Des matelas sont disposés au sol, et nous nous installons en prenant un petit seau en plastique. Nous restons en silence, méditant ou rêvassant, jusqu’à ce que les deux chamans nous rejoignent. Cette attente me confronte à mes émotions, un mélange de peur, d’appréhension et d’excitation. En particulier le premier jour. Puis les chamans arrivent, et fument quelques cigarettes de tabac pur (“mapacho”) avant de nous servir l’ayahuasca. Nous fumons nous aussi le mapacho. J’aime le faire pour accueillir la cérémonie, et surtout pour que le goût du tabac couvre celui, très amer, de l’ayahuasca. Vient ensuite le moment de boire la préparation qui nous est servie dans un petit verre noir. Un liquide râpeux et désagréable. Nous retournons ensuite à notre place, dans le silence et la pénombre de la nuit.

Il faut une demi heure pour que l’effet commence à se faire sentir. Je me souviendrai toujours de cette attente le premier jour. Je suis terrorisée, mais je veux vraiment vivre cette expérience. Je me répète “j’accueille avec toute la force de mon amour”, comme un mantra que j’ai gardé depuis. Alors, les premiers effets apparaissent. Mon expérience est, à chaque fois, de sentir la plante monter en moi depuis mes pieds jusqu’à ma tête comme un fil de lumière argentée. Au moment où je sens ce fil atteindre ma tête, le “délire” commence. A la différence de beaucoup de gens, je n’ai pas de visions psychédéliques, ou de visions tout court. Pour moi les effets de la plante sont des sensations physiques et des pensées, mêlés d’une concentration intense. La première partie, qui dure peut-être une heure, est toujours très intense. Comme si j’étais très ivre ou que j’étais en plein délire psychédélique (ce qui est sans doute le cas…). Je ne contrôle pas mes pensées et peu mon corps. Et il y a une sensation d’accélération et d’intensification des effets, qui me sont assez désagréable.


Les chants


Au milieu de cette ivresse, les chamans se mettent à chanter. Des chants sacrés et envoutants. Des chants qui guérissent. Le premier soir, lorsque que T. s’est mis à chanter j’ai la forte sensation qu’il entre dans mon corps. Chacun des participants a pu témoigné de cela lors d’une ou plusieurs nuits d’ayahuasca. Par leurs chants, les chamans sont capables de voir en nous, d’être en nous, de nous guérir et de nous donner de la force. Je comprends et j’expérimente que nous ne sommes cependant pas sans contrôle et qu’il nous est possible de communiquer sans paroles avec les chamans et de les empêcher d’entrer en nous si nous le souhaitons.

Pour comprendre et accepter que cet effet des chants est possible, il faut savoir que l’ayahuasca décuple les sensations. Nous devenons ainsi beaucoup plus réceptifs aux énergies subtiles. Et je suis aussi persuadée que cela nous permet de devenir télépathe et de ressentir ce que les autres personnes présentes ressentent. Lors d’une des cérémonies je me suis ainsi aperçue que je savais par avance lorsque quelqu’un allait vomir, ou s’arrêter de vomir, ou lorsque les chamans allaient chanter, je pouvais ainsi adapter ma position à ces situations.


Lacher prise


Parce que oui, pour beaucoup la plante entraîne vomissements et diarrhée. Apparemment, certains appellent cela “la purge”. Cette purge consiste à expulser de notre corps ce dont nous n’avons pas besoin, notamment la maladie, les traumatismes, les peurs, etc. Les chants des chamans provoquent souvent les vomissements. Il est aussi possible d’interpréter que le cerveau panique lorsque la plante lui fait perdre le contrôle, et qu’il nous fait vomir pour retrouver son fonctionnement normal. Bien qu’intelligente, cette stratégie ne marche pas, la plante est déjà profondément ancrée dans les cellules. Ces deux interprétations ne sont sans doute pas incompatibles.

J’ai la chance d’échapper à ces manifestations physiques, malgré un mal de ventre persistant. Lors d’une des cérémonies je me sens à la limite du vomissement. Je sens le besoin de me libérer. Mais je déteste vomir. Après un long moment à me torturer à cette idée et à essayer de me resigner au fait que je me sentirais mieux après, je comprends qu’il me faut lâcher prise. Plus je résiste, plus j’ai envie de vomir. Presque comme si j’avais besoin de vomir l’envie et la peur de vomir. Je sens cette peur dans mon ventre. Jusqu’à ce que je décide que je n’ai pas besoin de vomir. Je m’allonge alors sur le côté et je ressens cette peur et ce besoin s’échapper de moi sous la forme de plumes blanches. Le mal de ventre est passé. Grâce à cette expérience, je me rends compte que l’Ayahuasca me donne la capacité de guérir toutes les peurs auxquelles je pense. Et de me réconcilier avec toutes les choses qui ne me plaisent pas chez moi ou autour de moi. Il suffit qu’une idée parvienne à ma pensée pour que je puisse m’en libérer. C’est une très belle cérémonie, où je joue avec mes pensées et m’émerveille de ce pouvoir de guérison que nous avons tous en nous. Cela m’a aussi permis de comprendre, et de vivre, le fait que la prise de conscience est le premier pas vers la libération. Prendre conscience permet à cette faculté de guérison de faire son effet. Guérir tout ce que la pensée peut atteindre. Si cela est vrai, c’est un encouragement à prendre du temps pour soi, pour se découvrir et comprendre nos peurs et nos freins.


PARTIE 3: RENAISSANCE


Une des expérience les plus fortes qu’il est possible de vivre au cours de pratiques chamaniques, et notamment de la prise d’Ayahuasca est celle de la mort symbolique. J’ai eu la “chance” de la vivre au cours d’une de ces nuits en Amazonie.


La petite mort


L’expérience de guérison que je décris au-dessus est intervenue pendant la troisième cérémonie. Je crois qu’elle n’aurait pas été possible sans la deuxième cérémonie, et l’expérience de ce qu’on appelle une petite mort. Une petite mort, ou mort chamanique, est une mort symbolique et spirituelle, que celui qui la vit expérimente comme une véritable mort. La plupart des participants ont fait cette expérience, chacun à notre façon.

Pour ma part, cela est intervenu rapidement au cours de la deuxième cérémonie. Très vite, je sens que des fourmis me mangent de l’intérieur. Et puis qu’on m’enterre. Heureusement, je garde une partie de ma conscience et sais que tout ceci n’est que dans mon esprit. Mais en même temps, les sensations sont bien réelles. J’ai envie de le dire à haute voix : “on m’enterre”. Mais je le garde pour moi, je reste dans mon expérience. Soudainement, j’ai l’impression d’être enfermée dans mes cauchemars. Comme si je revivais tous les cauchemars que j’avais pu faire au cours de ma vie, les uns après les autres, et puis en boucle. J’ai peur, et pourtant j’ai encore cette conscience. J’ai surtout peur que ça ne s’arrête jamais, que je reste enfermée pour toujours dans ces cauchemars. Quand j’ouvre les yeux, je me sens à nouveau normale et en pleine possession de mes moyens, mais je sais que les cauchemars m’attendent derrière mes paupières closes. Et fermer les yeux est irresistible. D’ailleurs j’ai failli m’évanouir en allant aux toilettes. Comme si toute mon attention et toutes mes forces étaient concentrées sur ce qui se passait dans mon cerveau.

Après ce qui me parut être une éternité, j’ai la sensation que les cauchemars se répètent, que je les ai déjà vécu de nombreuses fois. Me vient alors l’idée que je vis mes peurs mais aussi celles des autres. Toutes les peurs, tous les cauchemars. Dans cette prise de conscience apparait la possibilité de me libérer de ces peurs. Comme si je me souvenais d’avoir déjà vécu ces peurs mais aussi de les avoir dépassées. Comme si j’avais déjà vécu ce processus de dépassement des centaines, des milliers de fois. Et comme ci là, au cours de cette nuit, je prenais enfin conscience de tout ce qui était d’habitude impossible à atteindre pour ma pensée. J’ai eu ces cauchemars des milliers de fois, et je m’en suis réveillée au moins autant de fois. Au cours de cette vie, et dans d’autres vies. J’ai vraiment cette sensation de m’éveiller enfin.

En m’éveillant de ces cauchemars infinis, je me donne l’opportunité de m’éveiller à la vie. Je peux enfin voir et comprendre le fonctionnement et le sens de la vie. Avoir à la fois la conscience humaine et la conscience de l’âme, ou même du dieu qui sommeille en nous. Cette conscience transcendante me transmet des enseignements et m’offre le choix de me souvenir de cette expérience d’éveil ou de l’oublier, de continuer une vie sereine et insouciante mais sans cette connaissance. Et là aussi, c’est comme si je faisais ce choix pour la millième fois. Mais cette fois je choisis la connaissance.


Enseignements


Dans cette conscience qui m’est offerte, je vois que la vie sur terre est fragile, magnifique et précieuse. Je sens l’amour de cette vie, l’amour porté par la conscience de dieu à l’homme. Les dieux s’incarnent pour vivre la beauté de la vie. Et les difficultés que nous traversons doivent nous permettre de rencontrer cette beauté et cet amour. Je ne sais pas si tout cela est vrai, et peut-être tout cela n’aura aucun sens pour toi qui lis ces mots. Mais ce fut mon expérience, et je souhaite en faire ma mythologie.

Je comprends que ma vie jusqu’à aujourd’hui m’a menée à ce choix, celui de vivre les yeux ouverts. La méditation, la spiritualité, le chamanisme m’ont permis de m’approcher de cet état où le choix m’était possible. D’avoir deux formes de conscience, deux niveaux de vie, explique aussi ma personnalité, mes réactions, mes doutes, mes peurs. Soudain, tout prend sens.

Lorsque la cérémonie s’achève, je suis secouée. Par l’expérience des peurs et de la déité. Par l’impression d’avoir tant vécu en quelques heures. Par le fait de ne plus savoir qui je suis mais aussi de savoir enfin qui je suis. Par la gratitude que je ressens d’avoir passé cette nuit incroyable. Permettre à mon esprit de revenir dans la pièce et de retrouver les autres participants me permet de m’ancrer à nouveau à la réalité.

Ai-je frôlé la folie ? Tout ceci est difficile à raconter, notamment à ceux qui me connaissent mais n’ont jamais eu ce type d’expérience. Parce que malgré leur caractère peut-être psychotique, ces expériences sont vraies pour moi, elles font partie de moi maintenant. Toutes ces sensations, bien que provoquées par une plante psychotrope, sont des sensations que j’ai vécues et que je n’oublierai pas. Elles ont changé ma perception du monde, et m’ont offert des certitudes là où je n’avais que des doutes.


PARTIE 4: L’APRES


Quatre cérémonies, quatre nuits à explorer des mondes intérieurs, quatre nuits à pousser mon cerveau et mon corps à vivre des expériences qui ne m’auraient pas été accessibles sans l’Ayahuasca. Et puis est venu le moment de rentrer.


Le choc


Lorsque nous quittons le lodge et prenons enfin le chemin de la ville, le bruit et les odeurs, la présence d’autres dans la rue, tout me saute à la figure. Insupportable. Il semble que les effets de la plante en terme de perceptions accrues durent quelques jours après la prise, et je m’en trouve victime. Envie de pleurer et de vomir. Les autres personnes du groupe me témoignent au cours du déjeuner que je suis particulièrement pâle. J’ai l’impression et la sensation de sentir la souffrance du monde, des personnes qui y vivent et de la planète elle-même comme jamais auparavant. Comment vivre dans cette folie ? Comment vivre coupés de la terre ? Au milieu d’un vacarme insupportable et d’une pollution poisseuse. Pourtant nous n’avons pas d’autre monde. Et c’est dans celui-ci que nous sommes invités à agir. Le cadeau de la conscience vient avec la responsabilité de l’action.


Responsabilité


Nous sommes encouragés à “incarner le changement” à notre retour. Au cours de ce voyage, beaucoup d’entre nous cherchaient des réponses sur la direction à donner à leur vie. Bien que les visions de l’Ayahuasca aient pu en apporter certaines, les chamans ont confirmés que ces processus prennent du temps. En grande impatiente, je n’aime pas trop ça ! L’expérience de l’Ayahuasca ne se résume donc pas à ces quatre nuits, il faut aussi faire vivre la plante, en soi et dans sa vie, notamment en incarnant les enseignements reçus au cours de nos nuits d’ivresses. Pendant ces dernières heures au Pérou, je m’interroge sur ma capacité à incarner le changement. Allais-je me laisser emporter par mon quotidien et tout oublier de cette expérience ? Allais-je tout envoyer en l’air et faire des changements radicaux ? Mon intuition me dis que je trouverais un juste milieu. J’ai certes une responsabilité, une intention à poser pour pouvoir vivre différemment. Mais fondamentalement, je suis différente. Comme je le disais précédemment, ces nuits sont inscrites dans mon corps et je ne les oublierai pas. Je ne peux donc pas vivre de la même manière.


Un regard nouveau


Je prends l’avion le coeur léger, et j’arrive chez moi un dimanche soir, vers 19h. Prête à attaquer une semaine de boulot dès le lendemain. Prête à reprendre mon quotidien avec un regard nouveau. Et c’est vraiment la façon dont j’ai vécu, dont je vis toujours, mon retour. Je suis pleine de gratitude pour cette merveilleuse opportunité d’observer mon quotidien, de prendre du recul par rapport à ma vie. Les conditions n’ont pas besoin de changer pour que ma vie change. Je porte un regard plus aimant sur mes expériences, j’ai aussi plus de distance sur les événements. Je comprends encore plus profondément qu’avant la façon dont je réagis et mes besoins. Mon intuition est plus présente aussi. Et j’ai une confiance que je ne me connaissais pas. Ce n’est pas une confiance qui écrase, qui prend de la place. Non, c’est plutôt une confiance pleine de douceur, qui me dit que ce que je ressens est juste et que je suis capable de prendre les bonnes décisions grâce à ma connaissance de mon intériorité. Je vois cette confiance comme une conséquence de ma nuit de petite mort, où j’ai eu l’impression de comprendre le sens de mes réactions. Tout a un sens, tout est juste.

Ces changements peuvent paraître insignifiants. Mais je suis persuadée qu’ils sont les bases nécessaires à des changements plus visibles. Ce que je souhaite faire dans le futur se dessine plus clairement, et j’arrive enfin à voir les prochaines étapes très concrètes, pour y parvenir. L’évolution professionnelle dont je parle depuis longtemps me semble maintenant être possible, je ne sais pas exactement comment j’arriverais jusque là, mais j’ai suffisamment d’étapes en tête pour avancer, et pour savoir que doucement le chemin se dessinera. Et puis surtout, je me laisse bercer par la confiance.


Conclusion


Je pourrais dire tellement plus sur ces deux semaines d’Ayahuasca, mais les mots manquent, et sans doute est-il mieux que je garde le reste de cette expérience au creux de mon coeur. Je n’encouragerais pas à faire cette expérience, car une telle décision doit être totalement personnelle. J’encouragerais par contre ceux qui sont intéressés à faire très attention aux conditions. Je suis incroyablement reconnaissante pour les chamans et autres personnes ayant encadré et animé les cérémonies. Elles nous ont permis à tous de vivre des expériences exceptionnelles en toute confiance et sécurité. Ce cadre est indispensable au bon déroulement des cérémonies.


J’espère que ce témoignage aura été intéressant, qu’il aura éveillé votre curiosité. Prendre de l’Ayahuasca n’est pas le seul moyen d’explorer son intériorité, de lâcher prise, de donner du sens à sa vie. La quête de développement personnelle qui m’a menée jusqu’au Pérou est la plus belle quête que j’ai entrepris et je souhaite à tous de trouver vos propres chemins d’exploration et de compréhension.

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